Dessinateur Mohamed Louaïl

Biographie

Né le 23 avril 1930 à Belcourt, Alger, et décédé le 22 juin 2011, Mohamed Louaïl est l’un des fondateurs de la peinture moderne algérienne avec Issiakhem, Khadda, Benanteur, Mesli et d’autres artistes.

Il a fait ses études à l’École nationale des Beaux-arts d’Alger de 1948 à 1951 au Quartier de la Marine où il a appris la peinture, dans l’atelier Louis Fernez, la sculpture dans l’atelier Henri Laithier, la gravure dans l’atelier Jean Eugène Bersier, la ronde-bosse dans les ateliers de Mohamed Racim et d’ André Greck ainsi que la céramique, dans l’atelier Omar Ghema). Il assiste, à la faculté des lettres d’Alger, avec ses condisciples Choukri Mesli, M’hamed Issiakhem, Mohamed Bouzid, Ahmed Kara-Ahmed, au cours d’histoire de l’art assuré par le professeur Jean Alazard, ancien doyen de la faculté de lettres d’Alger, premier conservateur du Musée National des Beaux-arts d’Alger.
Il a par la suite travaillé au cabinet de dessin du service de l’artisanat dirigé par Lucien Golvin (1953-1957) et effectué deux séjours à Paris (1953 et 1957) en accomplissant de menus métiers et des expériences multiples, notamment en tant que maquettiste dans une école d’architecture et comme décorateur de théâtre avec André Acquart. En 1951, il est membre du groupe 51, avec Issiakhem, Mesli, Sauveur Galliéro, Cardona…
En 1962, il rentre au pays et l’année suivante, il participe à la fondation de l’Union nationale des Arts plastiques (UNAP) avec les onze autres membres. En 1964, il est à l’origine de la création et de la conception du Musée pour Enfants (Parc Mont-Riant, Alger) dont il assume la fonction de directeur de 1964 à 1995. Tout comme son ami miniaturiste Mohamed Temam, Louaïl était aussi un musicien et fut l’élève du maître de la musique andalouse Mohamed Fakhardji qui a fondé avec son frère Abderrezak une association musicale, La Société Gharnata, installée à la rue de la Marine, dans les années 1930. Louaïl a aussi probablement été inscrit dès 1946 au Conservatoire de la place du 1er mai (ex champ de manœuvres), où Fakhardji enseignait.
En 1980, Louaïl a fait partie du groupe des 35, formé par Issiakhem pour dénoncer l’ostracisme de cette même UNAP, devenue un instrument d’exclusion au lieu de rassembler comme elle le fut à ses débuts. Louaïl a réalisé plusieurs affiches, timbres et logotypes de sociétés. Cet artiste peu prolixe mais raffiné a organisé deux expositions individuelles: au Musée des Beaux-arts d’Alger en 1997, et à Bou-Saada en 2006. Quelques unes de ses œuvres sont exposées au Musée national des Beaux-arts d’Alger et au Musée Étienne Dinet de Bou-Saâda.
Mohamed Louaïl s’est entièrement consacré à son travail de conservateur du musée pour enfants d’Alger. Il a très peu peint pendant deux décennies, et ses tableaux sur toute cette période se comptent sur les doigts des deux mains. Les peintures les plus connues de Louaïl sont un portrait de femme datant de 1987 : la femme porte une robe kabyle et un foulard, aux tonalités ocre et rouge, dominées par un fond noir. Le personnage est presque de face, accentuant le caractère statique de l’œuvre et sa disposition quasi symétrique. Datant aussi des années 1980, un autre portrait de femme est réalisé d’une manière beaucoup plus schématique qui l’apparente au cubisme des années trente. Un pot de fleur de la même époque l’apparente à une figuration libre imprégnée de l’esprit d’Odillon Redon, de Matisse et de Cézanne.
Après sa retraite en 1995, Louaïl réalise une série de gravures non-figuratives où il s’adonne à une sorte d’expression informelle libre et dont il expose une soixantaine de travaux au Musée National des Beaux-Arts d’Alger en 1997. Discrète et silencieuse, l’œuvre de Louaïl ne se laisse pas cerner, d’autant que l’absence de profusion n’indique pas une réelle volonté d’expression plastique. Chez Louaïl, la peinture n’a pas été trop à l’œuvre et l’inspiration peu généreuse, comme pour Yellès et Kara qui, eux aussi, ont été détournés de leur vocation par les responsabilités administratives qu’ils avaient à charge. Louaïl a obtenu le Prix de la ville d’Alger et le Grand prix d’honneur de l’Ecole Nationale des Beaux-arts en 1951 et était destiné à une carrière puissante en tant que peintre. Le destin en a décidé autrement, et son œuvre s’est donc faite sans bruit ni fureur, dans la discrétion, sacrifiée pour une carrière de conservateur au profit des enfants.
Par Ali El Hadj Tahar
Source : https://lecourrier-dalgerie.com