Dessinateur Abderrahmane Sahouli

Biographie

A 94 ans, le peintre de l’école du figuratif qui engrange une expérience riche dans l’art pictural, refuse de prêter le flanc à la résignation. Il a du cœur à l’ouvrage et taquine, chaque jour que Dieu fait, l’art du chevalet. Zoom.
Tapi dans son espace artistique sis en son domicile à Baïnem, le peintre nonagénaire Abderrahmane Sahouli continue à s’adonner à sa passion : la peinture sur toile. L’espace d’une qaada, à bâtons rompus, il convoque des fragments de vie de son parcours artistique.
Il nous reçoit chez lui à Baïnem, plus précisément au n° 37, rue Abou Moussa El Ach’ari (ex-Foucault). Une rue dont la dénomination nous renvoie à une image. Il nous fait rappeler le père de Foucault reclus dans le mont de l’Assekrem, un lieu qui, soit dit en passant, lui donnait matière à méditer. Ammi Abderrahmane Sahouli ne puise moins aussi son inspiration plastique à partir du contrefort du massif forestier de cette bourgade littorale où est nichée sa petite villa de type colonial. La charge des ans n’a pas eu raison de sa passion à laquelle il reste rivé depuis plus de quatre-vingt ans. Au contraire, l’activité plastique lui permet d’être plus ou moins alerte dans ses mouvements. Affable, il nous invite dans la courette ombragée de sa maison après nous avoir fait le tour de son petit atelier dans lequel il évolue en ermite. Il meuble son temps en réalisant des tableaux autour du terroir : des scènes volées au détour du dédale des régions d’Algérie. Notre virée chez lui coïncide avec la mise en châssis d’un tableau présentant un site oasien béchari, une œuvre qui côtoie d’autres compositions comme celle ‘’embrassant’’ une partie du front de mer de Bologhine qui force le regard du spectateur à une halte. D’autres travaux picturaux déclinant la nature morte tapissent le moindre recoin de son réduit. Notre regard est apostrophé dans la foulée par des compositions de miniature et d’enluminure, quelques œuvres esquissées dans l’art de l’abstrait, sans omettre les châssis de bois posés en fatras à même le sol ou encore les tableaux de reconnaissance en guise d’hommages rendus par des organismes pour le parcours artistique effectué depuis qu’il a intégré l’école de peinture, située à la rue de la Marine, alors qu’il venait de quitter l’école primaire Brahim-Fatah sise à la Casbah. C’est dans cette cité, d’ailleurs, qu’il a vu le jour le 9 février 1915. C’est dans cette antique médina aussi qu’il a côtoyé les artistes peintres comme les regrettés Mostefa Ben Debbagh rompu aux arts appliqués, le miniaturiste Mohamed Temmam, M’hamed Issiakhem, Mohamed Bensemmane ou encore l’homme de lettres Boudali Safir qui dirigea la Société des Beaux-arts dans les années soixante du siècle dernier. C’était l’époque où nous trimballions le chevalet. Les artistes peintres cherchaient les meilleurs plans avant de poser le trépied, support de la toile. Muni de sa valise, il déambulait tout jeune, se souvient--il, avec Mohamed Temmam, à travers les venelles de la Casbah ou le lieu dit les Taggarins pour immortaliser les paysages et décors d’El Djazair. Ammi Abderrahmane Sahouli convoque non sans peine des souvenirs. Un itinéraire fécond dont la mémoire lui fait parfois défaut. Plusieurs événements se bousculent au portillon de son esprit. Beaucoup de souvenirs émergent à la surface que sa femme et son fils confirment, sur la base d’un fonds documentaire. Il secoue sa mémoire avant d’égrener des fragments d’histoire, notamment les années de son service militaire et sa mobilisation lors de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle il purgea une peine de deux années de prison. Une période qui contribua relativement à sa formation de plasticien. Il nous raconte aussi l’atmosphère qui régnait au sein du milieu plastique dans la vie civile où les artistes avaient peine à subvenir à leur pitance. En 1946, Abderrahmane Sahouli rejoint, en sa qualité d’artiste peintre affirmé, la Société des beaux-arts dirigée, alors par l’artiste Camille Leroy et ce, parallèlement à l’activité professionnelle qu’il mena dans son atelier sis à Bab el-Oued (Nelson). Il acquit un autre atelier au Champ-de-manœuvres qui fut plastiqué par l’OAS en 1962. Il assura des travaux en tant qu’artiste spécialisé dans la création d’affiches de cinéma comme l’œuvre cinématographique ‘’le Vent des Aurès’’ et la décoration des fonds de scène du TNA lorsque Mahieddine Bachtarzi le sollicita, dit-il. Lors du festival panafricain en 1967, le comité d’organisation lui faisait appel pour la réalisation de grandes fresques. Une trentaine de panneaux de peinture de 3x2 m ornent également le musée de l’Académie de Cherchell. La postérité peut découvrir ses œuvres dans la tendance picturale du réalisme au Musée national des Beaux-arts et son empreinte artistique dans l’espace du musée central de l’Armée (Maqam Ecchahid), des compostions qu’il avait réalisées dans les années quatre-vingt avec une jeune équipe dont Salah Hioun et Noureddine Chegrane. Parmi ses disciples, on peut citer les artistes peintres dont Hamchaoui, Douadi et autre Bencheikh. Soulignons que l’artiste Abderrahmane Sahouli ne quitta la Société des beaux-arts, créée en 1851, qu’en 1997 en tant que président pour laisser place à Mustapha Belkahla qu’il dirige depuis. F. B-H.
Source : http://www.lemidi-dz.com



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