Le 1,00+9,00 : premier timbre-poste de l'Algérie indépendante - Une émission nimbée de mystères
Ils prirent attache avec l’administration postale naissante qui, par l’apposition de la mention «Poste» sur la maquette du timbre, ainsi que par la prise en charge de sa mise en vente dans les recettes principales des Postes d’Alger, d’Oran et de Constantine, a fait revêtir celui-ci des caractères «postal» et «officiel» qui lui manquaient. Le temps imparti à sa réalisation étant limité, il fallait que ce premier timbre-poste de l’Algérie indépendante, conçu et imprimé la veille du 1er Novembre, fût mis en vente moins de 24 heures plus tard.
L’impression de cette vignette verte de grand format fut confiée, pour des raisons évidentes de sécurité et de discrétion, à un imprimeur de confiance connu des responsables de la Fédération FLN d’Alger, en l’occurrence Ahcène Krimat, propriétaire de l’imprimerie «Les impressions d’Art», sise 46 rue de Tripoli à Hussein Dey (Alger) qui s’est acquitté tant bien que mal de cette tâche dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1962. Le jour «J», c’est par un communiqué laconique que la Direction générale des PTT annonçait la mise en vente anticipée le 1er novembre 1962, à la Recette principale d’Alger, d’un timbre-poste commémoratif valant 10 NF(1), prix assez élevé pour l’époque à cause de sa surtaxe de 9 NF destinée à récolter des fonds au profit des orphelins et veuves de chouhada.
Les recherches entreprises depuis plus de dix ans, aussi bien en Algérie qu’en France, nous permettent aujourd’hui de lever le voile sur l’identité de Gilbert A. Vallée, le prétendu dessinateur français de ce timbre : il s’agit de Gilbert Augustin Vallée, né le 16 octobre 1915 à Etampes (Seine et Oise) et décédé le 30 juillet 1982 à Saint-Paul-Lès-Dax, dans le département des Landes (région Aquitaine) au centre de réadaptation fonctionnelle «Le Napoléon» (France). Métreur-vérificateur et projeteur-dessinateur en bâtiment, Vallée était installé dans un cabinet d’expertise et de conseil, sis 1, rue Tancrède à Alger.
Il a quitté définitivement l’Algérie fin 1962 pour s’installer à Rivière-Saas-et-Gourby, commune du sud-ouest de la France, dans le département des Landes. Cependant, maintes questions demeurent en suspens : la distance étant ce qu’elle est entre dessin technique et dessin artistique, pourquoi avoir eu recours à un dessinateur français en bâtiment pour la conception de la première figurine postale de l’Algérie indépendante ? Manquait-on à ce point d’artistes peintres algériens ? Les mesures de sécurité prises en compte dans le choix de l’imprimeur de ce timbre ne se devaient-elles pas d’être également adoptées dans la désignation de son dessinateur ?
Du : 27-11-2014
Auteur : Mohamed Achour Ali Ahmed
Source : El Watan (elwatan.com)