Dentelé 11
Un peu de lecture
Phare de l’Amirauté Alger
Avant que les Espagnols n’occupent, en 1511, l’un des quatre rochers situés vers le large, et ne construisent le Peñon, il existait déjà une tour de vigie, destinée à l’orientation des navires. Une fois les Espagnols délogés du Peñon par Khair-Eddine, des aménagements importants vont être réalisés, les îlots reliés au port, une jetée édifiée et un fanal implanté. « Sur ce même emplacement, Arab Ahmed a fait construire le phare dit de l'Amirauté dont la tour ressemble beaucoup à la Tour dorée de Séville ; les habitants du pays l'appellent Bordj el-Fnar (fort du Fanal), tandis que les Européens le désignent par la Forteresse ronde ou la Forteresse du phare. »
Rappelons que la tour de Séville est une tour de guet située sur la rive gauche du Guadalquivir, construite au début du XIIe siècle, durant la période almohade.
Les deux premières années du règne d’Arab Ahmed (1570-1574), qui a succédé à El-Euldj Ali, ont été consacrées à la consolidation des remparts d’Alger. Arab Ahmed s’est inspiré des Almohades, eux-mêmes spécialistes de l’entretien des fortifications. « En 1573, le pacha Arab fit enceindre l’îlot d’un parapet. Il fit aussi construire deux tours, l’une pour recevoir un fanal indiquant aux navigateurs l’entrée du port, l’autre pour servir d’abri à la garde chargée de surveiller le port et les navires au mouillage. »
Voici le témoignage du bénédictin Diego d’Haëdo, captif espagnol qui a séjourné à Alger de 1578 à 1581: « Un peu plus tard, en 1573, le pacha Arab Ahmed compléta ce travail en faisant enceindre d’un mur l’îlot, à l’exception de la partie méridionale qui comprend le port. Ce mur est beaucoup plus bas que celui du môle, c’est plutôt une sorte de parapet pour qu’en temps de guerre l’ennemi ne puisse pas débarquer sur l’îlot et se rendre maître du port, ce qui lui donnerait infailliblement toute facilité pour balayer la terre avec son artillerie. »
Ce qui était ainsi devenu une place forte jouxtant le phare était « la résidence principale des artilleurs (tobdji) qui y tenaient toutes les réunions relatives à leurs activités et à l'état des canons et des forts. » (dixit Ali Khelassi). Pour les navires étrangers qui approchent Alger, éclatante de blancheur et « s’élevant en amphithéâtre », le phare érigé par Arab Ahmed est vite remarqué. Thomas Xavier Bianchi, secrétaire-interprète du Roi, membre de l’équipage du vaisseau La Provence, en rade à Alger en 1929, situe « le phare d’Alger dans le nord quart nord-est, à la distance d’environ deux mille cinq cents toises ».
Aux tout-débuts de la colonisation, des travaux maritimes on été entrepris. « La conquête trouva à Alger une mauvaise petite darse, relève Léon Galibert, où le vent du nord-est brisait les bâtiments ; elle en a fait un port qui devient de jour en jour plus vaste et plus sûr. Le môle a été réparé, enroché, une jetée, qui a déjà atteint une longueur de cent soixante-cinq mètres, s’est élancée vers le sud, laissant entre elle et le mur de la ville un espace qui ne fait que s’accroître. »
Le terme « darse », tel que précisé par Bloch et Wartbourg, issu de l'arabe « dar sinâ'a », renvoie à « arsenal », « maison où l'on construit ». (Revue Africaine, 1925)
Alger l’Amirauté Mars 2020 ©Zinedine Zebar