Epreuve de Luxe

Epreuve de Luxe



Un peu de lecture

Fontaines du vieil Alger
Au début du XIXe siècle, Alger comptait quelque 150 fontaines publiques.
Lieux de rencontres et d’animation populaire, ces fontaines apportaient à la cité et à ses habitants une fraîcheur très appréciée tout en permettant aux voyageurs de passage de se désaltérer.
Nombre de fontaines ont aujourd’hui disparu du paysage familier d’El Djazaïr. Toutefois, les vestiges de ces points d’eau existent toujours et perpétuent le nom des donateurs qui les ont fait ériger comme autant de louanges à Dieu et d’oeuvres de bienfaisance.
Tandis que les tombeaux s’ornent de stèles sculptées et que les mosquées dressent leurs minarets altiers, les fontaines offrent, dans une musique rafraîchissante, leurs eaux abondantes et claires aux passants pour leurs ablutions rituelles avant la prière.
Aménagées dans des niches murales, ces fontaines se composent d’une petite vasque s’appuyant contre un panneau nu ou richement décoré soit de faïence, soit de sculptures qu’encadre élégamment un arc en relief.
Cet ensemble est quelquefois adossé au mur d’un édifice en se détachant nettement en avant. Il est alors couvert d’une plate-forme ou d’une coupole. La vasque peut être abritée par une voûte portée par deux ou quatre colonnettes.
Toutes ces anciennes fontaines portent une inscription en marbre célébrant à la fois sa fondation, son bienfaiteur, ainsi que des louanges à Dieu. Si la louange est décernée sans réserve au puissant monarque du jour, la dévotion ne perd pas ses droits.
Ces épigraphies sont de véritables pièces d’art calligraphique. Leur beauté s’exprime parfois par le charme d’une sculpture en relief ou par l’emploi de plomb fondu et coulé dans des sillons formant les caractères du texte qui, en s’oxydant à l’air, prend une patine foncée qui tranche avec la blancheur du marbre.
Tant pour l’historien que pour le chroniqueur, ces inscriptions sont de précieux documents. Il en est ainsi de la fontaine Bologhine adossée au mur du cimetière européen où l’inscription arabe surmontant la fontaine continue de rappeler au souvenir : « L’homme puissant animé d’intentions sincères en vue de bonnes actions et de nobles oeuvres – que Dieu vivifie ses projets en ce monde et dans sa dernière demeure– , le très pieux seigneur Mustapha Pacha, gouverneur d’Alger, a ordonné la construction de cette fontaine pour la pureté de son eau – Année 1219 (1804-1805 de l’ère chrétienne) ».