Epreuve de Luxe

Epreuve de Luxe



Un peu de lecture

Vallée du M’zab – Patrimoine mondial
Joyau de l’architecture traditionnelle, la vallée du M’zab, qui avait fait l’objet de mesures de protection et de conservation au plan national par la création notamment d’un atelier d’études et de restauration et d’un classement parmi les sites historiques, a vu son prestige couronné par son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 1982.
C’est dans un paysage désertique et aride, aux portes du Sahara, à 600 km au sud d’Alger, que les Ibadites, fuyant leur royaume rostémide après l’incendie de Tahert vers 909 et après une installation précaire à Sedrata (Ouargla), se sont fixés au début du XIe siècle au M’zab, du nom de la rivière qui traverse cette vallée fossile.
Le choix de cette vallée s’explique avant tout par les possibilités de défense qu’elle offrait à une communauté soucieuse de sa sécurité et décidée à sauvegarder son identité.
Les nécessités de survie et d’adaptation à une terre inhospitalière obligeaient les Ibadites à une occupation du sol et à une organisation de l’espace inspirées de principes de conduite communautaire très stricts.
Cinq ksour (villages fortifiés), El Ateuf, Bounoura, Béni Izguen, Melika et Ghardaïa, implantés sur des éperons rocheux, regroupent une population sédentaire et essentiellement urbaine.
Chacune de ces petites cités, entourée d’un rempart, est dominée par une mosquée dont le minaret fait fonction de centre spirituel et temporel.
Autour de ce bâtiment essentiel à la vie communautaire s’étagent des maisons disposées en cercles concentriques jusqu’à la muraille d’enceinte.
Chaque maison constitue une cellule cubique, illustrant une organisation sociale égalitaire fondée sur le respect de la structure familiale dont elle s’attache à préserver l’intimité et l’autonomie.
Cette région où ces réfugiés ont choisi de s’établir ne comporte aucune source, l’oued ne coule qu’épisodiquement une ou deux fois l’an et la nappe phréatique se trouve à 40 m et parfois à 100 m de la surface.
Tous les efforts de la communauté ont dû être consacrés aux tâches liées à l’agriculture : création de l’oasis, domestication de l’eau par le biais de barrages ou de retenues collinaires, de forages, de puits d’irrigation.
Les constructions ont été conçues sur le seul critère de l’efficience. Les éléments de points d’appui, les murs, les couvertures ont été disposés sans formalisme conventionnel ou préconçu.
L’utilisation des matériaux locaux alliée à la simplicité des formes et des techniques manuelles sous le signe de l’économie et de la rigueur font du moindre mur une leçon d’architecture moderne.
Tout est à l’échelle de l’homme ; les remparts sont à portée de voix du muezzin, l’arc de voûte à la mesure de la palme, l’enduit du mur sculpté par la main du maçon.
Chaque élément de construction est subordonné aux gestes de la vie quotidienne. Les rues sont tout à fait comparables à des corridors ; souvent couvertes de voûtes, elles offrent aux piétons ombre et fraîcheur.
Le M’zab réalise ainsi de la manière la plus spontanée la tâche que s’assigne, souvent sans succès, l’urbanisme moderne : le beau et le fonctionnel qui ne sont plus deux critères antinomiques, ou difficiles à concilier, sont confondus dans ces constructions qui épousent exactement les rythmes de la vie.