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Caractéristiques
N° Y&T : 469
Thème : Emigration vers l'Europe
Date d'émission : 15/06/1968
Prix Facial : 0,30 DA
Thématique
Autres
Un peu de lecture
Emigration des Algériens en Europe
S’il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les raisons qui ont motivé l’émigration des Algériens en Europe, il est cependant utile de rappeler que ces raisons d’ordre politique sont liées à des causes historiques, économiques et démographiques.
Dès le début de la domination politique et militaire, la France décida de faire de l’Algérie une colonie de peuplement et y envoya l’excédent de sa population. Ce furent, en 1848, les proscrits, en 1871 les Alsaciens-Lorrains et en 1905 les paysans du Midi ruinés par le phylloxéra.
D’autres populations méditerranéennes émigrèrent en Algérie où une nouvelle loi facilitait leur implantation. Les fellahs, chassés de leurs terres, ne trouvèrent aucune compensation dans l’industrie alors existante. Sans terre et sans travail, ils constituèrent la majeure partie de l’émigration vers la France ; durant la guerre 1914-1918, plus de 120 000 hommes, combattants ou travailleurs placés sous l’autorité militaire, traversèrent la Méditerranée.
Par la suite, entre 1920 et 1924, l’afflux des immigrants ne cessa de s’accroître pour les besoins de la reconstruction, conséquence de la guerre. A partir de 1936, le facteur démographique devint déterminant dans l’explication du courant migratoire. La population algérienne, comme celle des pays du tiers-monde, augmentait rapidement, alors que le passage de l’économie agricole à l’économie industrielle devait faire de la France, comme la plupart des pays d’Europe, un pays d’immigration.
C’est ainsi que de 38 000 en 1945, où les autorités d’alors songèrent à la main-d’oeuvre algérienne pour reconstruire la France, les départs vers ce seul pays passèrent à 65 000 en 1947 et atteignirent 80 000 en 1948. A cette date, et nonobstant l’accroissement du nombre de migrants, on comptait près d’un million de personnes en plus dans les campagnes et 500 000 personnes sans travail dans les villes.
L’émigration s’accentua par la suite et le nombre des Algériens en Europe atteignit le chiffre d’un demi-million au moment de l’indépendance de notre pays. Le gouvernement algérien ne tarda pas à s’en préoccuper et s’attela à la recherche des moyens susceptibles de résoudre ce problème qui, par ses dimensions, était devenu une question d’ordre national.
Il s’agissait, d’une part, de préparer en Algérie même les conditions de travail qui permettraient aux émigrés de retourner dans leur pays et, d’autre part, de s’efforcer d’améliorer leurs conditions d’existence et de faciliter leur accès à l’instruction et à la formation professionnelle.
En effet, par leur apprentissage de l’activité industrielle des pays qui les accueillent et la formation qu’ils y acquièrent, ils sont en mesure de devenir un élément moteur du développement de notre pays. Tôt ou tard, ils rejoindront l’Algérie et participeront alors activement au combat économique, comme ils ont participé naguère, à partir de pays étrangers, à la lutte libératrice.
Certes, la tâche est immense et les objectifs importants. Aussi, afin de jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu, l’émigration algérienne en Europe s’est organisée en amicale. Avec l’appui du gouvernement et des autorités consulaires, elle entend non seulement apporter à ses membres l’assistance nécessaire pour élever leur niveau de vie matériel et intellectuel, mais aussi et surtout leur ouvrir des perspectives d’avenir.